Les supermarchés sont devenus les espaces centraux des villes moyennes, monopolisant toute l’attractivité commerciale de certaines villes. Les élus, et les commerçants du centre anciens ne peuvent pas lutter. Le poids de l’hyperconsommation les a définitivement écrasés. Issus de l’urbanisme de la voiture, les zones commerciales se sont considérablement développées depuis les années soixante dix, créant aux entrées de villes de véritables quartiers à part entière.
La logique commerciale est devenue logique urbaine. Les consommateurs sont happés par les promotions, les foires exceptionnelles, les week-ends thématiques. Les nouveaux petits-commerçants se sont installés dans les galeries marchandes sous le couvert des grandes enseignes. Et il faut bien le dire, l’animation du centre-ville est aujourd’hui ici dans ces centres-commerciaux - du moins pour les villes qui n’ont pas su « commercialiser » leurs centres historiques. Les zones commerciales sont ainsi devenues plus attractives que les centres-villes. Ce phénomène est observable dans les villes moyennes. La masse critique et le seuil d’une certaine échelle du centre caractérisant des villes que l’on peut compter parmi les métropoles permettent de résister à cette suprématie des zones commerciales. En effet dans les grandes villes françaises comme Paris, Lyon, Marseille ou Toulouse, on observe ce que l’on peut ici toujours continuer à nommer comme tel – un centre-ville constitué, dynamique et attractif. Les habitants et consommateurs ne sortent pas systématiquement du centre pour consommer en zone commerciale, leur accès étant tout simplement moins aisé et rapide que dans les villes moyennes, notamment pour les habitants du centre-ville. L’échelle urbaine de Paris permet par exemple de déployer encore de vrais quartiers commerçants, comprenant d’autre part une attractivité touristique qui permet de maintenir une fréquentation constante par le biais d’autres activités (musées, quartiers historiques attractifs et mis en valeurs comme tel – par exemple le quartier du Marais). Ainsi, les centres-villes des métropoles continuent à rester dynamiques car ils sont des espaces de mixité, mêlant logements, bureaux, commerces, services, et de ce fait ils rentrent en concurrence avec les centres commerciaux présents à leur portes, qui s’adressent finalement à la plus grande périphérie et à ce que nous appellerons, avec Christophe Guilluy, le territoire périphérique. |